Journal de bord

 Résidence Arts & Nature 

du 12 au 19 août 2024

 

 

Journal de bord

vous êtes toujours nombreux à contribuer à cette résidence artistique en co-création, autour du fil bleu qui m’est cher.

Tellement merci à chacune, chacun pour votre présence précieuse💎

“se réenchanter autour de l’eau”.

Amandine, Alice, Christiane, Sonia, Lisa, Anne Andrée, Irène, Ulrich, David, Dominique, Margherita, Marian, Lila, Marie-Paule, Odile, Patricia, Maryline, Clémentine, Cécile, Rodrigue, Philibert, Bérengère, Daniel, Sarah, Hestia, Maria, Laurence, Lucie, Lia, Clarisse, Fanny Venusia, Anna, Natacha, …

vous faites partie du voyage … bienvenue dans l’aventure bleue.

du 9 au 11 aout, c’était la nuit des étoiles et elles ont accompagné mon voyage en s’invitant avec une émission très inspirante que je vous recommande vivement :

– les Mondes de Chloé : à la belle étoile :
Les mondes de Chloé à la belle étoile

Ce journal de bord a vocation à retracer ces journées en nous reliant.
Vous pouvez partager vos résonances, inspirations et autres si vous le souhaitez par message à anastasia@musesennature.com.

Et peut-être, en fonction de vos retours, j’ouvrirai un espace interactif entre nous.

Lundi 12 août

Arrivée en fin d’après-midi ce lundi 12 août, j’ai découvert le lieu avec bonheur..

Un paradis de verdure et de gentillesse.

Je suis arrivée avec l’élan de partager une prise de conscience que j’ai eue suite à l’émission évoquée plus haut. Certaines le savent, je me sens particulièrement reliée à certaines étoiles de la constellation d’Orion. Ces dernières semaines, il m’est arrivé un gros déclic en percevant soudain d’une toute autre manière certains alignements de grains de beauté sur mon corps. J’ai soudainement eu l’intime conviction qu’il s’agissait d’une cartographie corporelle en lien avec une constellation stellaire. J’ai un peu exploré les choses en retraçant sur un papier et puis je suis passée à autre chose en me disant que si cette intuition s’avérait exacte, elle allait bien se révéler à moi à un autre moment. Et puis, les étoiles sont revenues vers moi par l’intermédiaire de la visite de mon amie Hestia, une âme soeur que je sais reliée à la même étoile que moi, Depuis quelques années, j’explore aussi mes lignées d’âme ou lignées spirituelles, en réalité c’est davantage une révélation qu’une exploration. Les choses se révèlent d’elles- mêmes, au fur et à mesure des synchronicités, rencontres, évidences, … ce sentiment de familiarité, de connexion intime, de vibration subtile qui nourrit le coeur est le chemin de l’âme. 

Je ne vais m’étendre plus longuement sur cette prise de conscience. Simplement en la partageant ici, je vous invite à découvrir avec de nouveaux yeux certains alignements de vos grains de beauté qui pourraient être des messages intemporels de votre âme, comme un signe à décoder, lorsque vous serez prêts …

Je finis ce préambule sur les 3 étoiles alignées de la constellation d’Orion et l’étoile Mintaka au bout, qui serait à l’origine d’un site du Néolithique. Les anciennes civilisations étaient expertes dans la connaissance des étoiles et des voyages interstellaires.Et bien sûr les êtres issus de ces mondes étaient d’excellents navigateurs qui connaissaient parfaitement les étoiles, d’où mon amusement pour arriver avec cette émission qui prépare bien un tapis bleu avec une résidence aquatique comme un temple des étoiles.

A mon arrivée, j’ai droit à une visite des lieux par Frédéric un des salariés. Il y a de nombreux espaces verts, des jardins, des serres et des arbres fruitiers pêches, figues, mûres, … toilettes sèches évidemment puisque c’est un écolieu. Le soir, nous nous retrouvons à partager un délicieux repas préparé par une jeune fille en visite avec sa famille. Et un gâteau au chocolat qui nous ravit les papilles. J’ai choisi de m’installer complètement (aussi pour dormir) dans l’Accueillante qui est le magnifique lieu de résidence artistique. J’y apporte un matelas et prépare mon espace avec mes affaires. Décharger la voiture en partie, mais les céramiques se sera pour demain. Repos.

Mardi 13 août 

je découvre le lieu, je prends des notes sur mes impressions. Une femme M., de passage ici, passe dans mon lieu de résidence pour prendre des photos. Nous discutons. Elle est assistante maternelle et fait du théâtre avec son mari depuis 13 ans. Je lui parle de mon spectacle « le bal des sirènes » et lui partage également mon interrogation du moment au sujet d’informations concernant le rapport Ciivise et d’extraits que je cherche à poser dans l’espace public. Une manière de sortir du déni collectif est d’évoquer ces choses lourdes et pesantes, les “eaux sombres ou gelées » de la société en quelque sorte, si l’on considère que l’eau est le reflet de l’inconscient et des émotions gelées des traumatismes non résolus de nos arbres généalogiques. 

La Pluie arrive … quel bonheur de rafraîchissement

Un peu plus tard, je recroise M. et une intuition me dit de lui proposer d’expérimenter quelque chose. Je lui présente une de mes créations céramique comme une barque bleu dorée gorgée de talismans Avalon, sur lesquels j’ai disposé des extraits du rapport de la Ciivise. Spontanément, je lui propose d’en tirer un au sort et de le lire.
Ce qu’elle fait … suite à quoi, elle m’entraîne à l’écart pour me révéler différents cas d’agressions sexuelles concernant des proches et au sein de sa famille. Ce qui est troublant c’est qu’initialement, elle disait qu’elle et ses proches avaient été préservés. Nous observons ensemble combien la tendance à oublier ces aspects de « non respect » de l’intégrité des corps est si fréquente. Je reste un peu mitigée sur mon idée d’associer éventuellement ces informations dans le processus créatif, redoutant le côté « thérapie collective » que je ne me sens pas prête à porter. Je
réalise cependant que ce thème du « traitement symbolique des eaux gelées » de nos sociétés pourrait être partie intégrante du processus. Ainsi se tisse un premier lien autour du fil bleu se réenchanter autour de l’eau. Au vu de la lourdeur du sujet, il faudra néanmoins une bonne dose de réenchantement pour transformer la boue en or .. fut-il bleu. Ai-je vraiment envie d’aller jusque là je ne le sais pas vraiment, ce soir, je suis épuisée. Et j’ai plutôt l’élan de marcher le chemin de la beauté … 

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Mercredi 14 août 

dans la nuit, je suis réveillée par un orage et les coups de tonnerre. Au matin, il pleut, la fraîcheur est au rendez-vous on dirait presque une ambiance automnale. Je respire bien mieux que ces derniers jours où la chaleur accompagnée de pollution atmosphérique était si étouffante.
Je trouve ce temps pluvieux que j’aime propice à la création et avec en plus des odeurs exaltées de plantes aromatiques du jardin qui imprègnent l’air.

Ce matin j’ai rdv avec Alban pour explorer ensemble un accompagnement musical sur mes textes. Je vais finalement faire une sortie de résidence dés demain soir à l’occasion d’une soirée organisée ici avec le collectif Alternatiba. C’est toujours un peu un pari ces rencontres artistiques… est-ce que mon univers va l’inspirer pour improviser …est-ce que je vais apprécier les propositions …au final, j’adore ses explorations musicales assez aquatiques. A la basse et guitare, nous trouvons des petits dialogues assez fluides entre mes mots et ma poésie et nous nous amusons bien. Je commence à agencer la scène avec des tissus et les dernières sculptures céramiques et dans cette mise en forme de nouvelles idées s’invitent comme pour personnifier les personnages de mes poésies avec la déesse de l’eau en céramique, mon cristal de roche, ….

Je suis inspirée… nous préparons aussi l’éclairage que je souhaite dans des tons bleutés. Tout est possible semble-t-il ici et c’est un immense confort pour moi que d’avoir un lieu si bien équipé et des ressources techniques et humaines à la fois. Le tout dans une atmosphère simplement facile et agréable.

Après un bon repas partagé, je me repose un peu avant de poursuivre les explorations scéniques avec Louis qui gère la radio locale – Hapchot dont le teaser est « la radio qui décorce » un jeu de mots en résonance avec le hapchot, ancien outil qui servait à récolter la sève des pins.

Louis s’occupe d’assister les artistes en résidence. Nous peaufinons l’éclairage et préparons les sonores à base d’enregistrement de cascades, vagues, rivières que j’ai apportées. Cela va être aussi une base sonore pour la performance artistique comme un voyage en bateau. En effet, nous voyageons à la rencontre des différents temples de l’eau, « du lac à la rivière… vers le palais de cristal au fond des océans ».  

Je retrouve sur ma clé USB des créations instrumentales de mes poésies sonores que je vais pouvoir utiliser. Ça va me demander un peu de structuration demain matin. Louis me suit dans le processus créatif mais il a beaucoup d’autres choses à gérer.
Et de mon côté, les idées inspirations fusent dans ma tête. Donc demain à tête reposée, je vais lui préparer une dramaturgie sonore que je dois donc imaginer un peu et minuter pour qu’il puisse gérer les sons et les films poétiques qui seront projetés sur la scène durant le voyage. 

Je prépare, en parallèle, des talismans en argile, symbole d’une économie de la nature, une nouvelle économie sacrée. Je passe dans le jardin cueillir du romarin, des petites feuilles de vigne, des fougères, pour imprégner l’argile. J’ai aussi demandé à Louis comment s’écrit « eau » en gascon.
En effet, je souhaite préparer certains talismans dédiés à l’eau dans le dialecte local, le gascon (tout comme j’en ai créé certains déjà en gaélique). Fabienne, la voisine qui a un four à céramique est passée nous voir. Je n’aurais peut-être pas la possibilité de les cuire pour demain. Ils doivent d’abord sécher et ici il fait très humide encore même si la pluie s’est arrêtée.
A présent, il est 20h44, je vais aller dîner et après quelques talismans encore avant une nuit de sommeil bien méritée.

Jeudi 15 août 

Ce matin, je continue l’aménagement de la salle et de la scène pour le spectacle de ce soir. J’ai besoin de balayer chaque recoin pour en faire un espace « propre » et cela me fait du bien. En me mettant en mouvement, il me vient de nommer clairement cet espace artistique « le temple de l’eau » et de demander aux visiteurs d’y pénétrer déchaussés. Sacraliser, aménager des espaces en quelques heures, quelques jours, j’adore y amener une touche de beauté, d’harmonie par l’art. La beauté sauvera-t-elle le monde ?

Sans doute, elle nourrit, apaise les coeurs et nous relie quand on y retrouve l’écho de nos âmes et notre vulnérabilité commune. Aujourd’hui, à l’occasion de cette fête mariale, l’Assomption de Marie, c’est un mini choc des cultures ici, le lieu accueille tout au long de la journée des musiciens dans un registre plutôt rock ou métal. Et également le groupe Alternatiba, de passage, qui fait un périple en vélo pour la Justice et le Climat. Alternatiba propose une conférence dans l’après-midi. Ma résidence artistique se déroule donc avec un entourage qui pourrait être sensible à mon approche bien qu’avec une vision des choses plus pragmatique. Il est prévu que la soirée démarre avec mon spectacle performance poétique en musique suivi d’une scène ouverte et des concerts.

Au déjeûner partagé, je fais connaissance avec les premiers arrivés. Pour tester leur sensibilité, je leur parle de la musique des plantes dont ils n’avaient jamais entendu parlé… l’un d’eux Axel se montre intéressé. Il porte sur sa pommette droite une magnifique perle d’un vert émeraude qui m’intrigue. Je me demande intérieurement et lui demande s’il s’agit d’un piercing. Et non, c’est un bijou autocollant, vestige d’une fête récente … je le trouve en résonance avec le monde aquatique bleu vert perlé iridescent … et mon élan de coeur pour les nuances nacrées irisées qui chantent à mon âme de lointains souvenirs.

Plus tard, alors que je continue les préparatifs dans la salle pour construire le « bateau » préciser les timings pour lancer les ambiances aquatiques sonores à Alban et à Louis qui est au son et à la lumière, Alex et Dorian débarquent intrigués et intéressés.
Ça me touche de les voir arriver respectueux et déchaussés dans l’espace artistique.
Parfois, il me prend des accès de déprime, je me sens tellement éloignée des préoccupations majeures des humains ..Je leur explique mon art et inspiration du moment, je leur propose de venir à un atelier que j’animerai demain finalement sur le traitement symbolique des eaux gelées.. ls sont partants. En effet, j’ai cheminé ces derniers jours et finalement choisi deux axes actuels de recherche artistiques.

Le monde aquatique féerique des sirènes, ondines et autres prêtresses de l’eau qui restaure une essence féminine et bien au delà réhabilite notre ancienne histoire sacrée étouffée par les rapports de domination installés par le patriarcat d’un côté.

Et en écho, le thème du déni et de la dissociation de nos sociétés en lien avec les émotions profondes souvent gelées. Être “gelé” est un terme utilisé pour indiquer l’état de sidération, de figement physiologique que vit une personne ayant vécu un traumatisme dont elle n’a pas pu se libérer. Je pense, entre autres, au rapport de la Ciivise qui estime à 160 000 le nombre d’enfants violés chaque année en France. Le tabou individuel et collectif est encore persistant d’autant plus quand on sait que le juge Edouard Durand (dont je trouve le travail exceptionnel) a simplement été évincé de la commission Ciivise qu’il présidait depuis 3 ans.

 

Je suis intimement convaincue que c’est un des sujets majeurs de nos sociétés qui englobe la protection de tout le vivant, en partant de la protection de l’enfance, de l’eau et du féminin. Étant sensible au caractère vibratoire des mots, j’ai, de par ma nature, l’élan de porter mon attention sur l’ancrage des valeurs du féminin, de la terre. du vivant.Ces deux axes sont deux manières différentes d’aborder le thème. Je suis plus à l’aise sur celui de la beauté, du féminin et de la fluidité. Et le second a une dimension plus concrète et réel, cependant l’aborder frontalement génère souvent des résistances, du déni forcément. Le lien entre ces deux axes est « le traitement des eaux gelées» à l’intérieur de l’humain. J’utilise ainsi le terme « eaux gelées » pour les mémoires traumatiques, abus, émotions réprimées, endormies ou enregistrées dans les corps qui engendrent blocages, maladies, dissonances, anesthésie, conformisme, ….etc. Les nombreux travaux sur la fasciathérapie par exemple expliquent très bien ces processus. C’est l’élaboration artistique autour de ces aspects là qui me questionne. Je sens poindre des idées comme un petit temps rituel artistique en collectif qui permette de déposer symboliquement des mots et douleurs tout en s’allégeant dans un espace dédié. Inspirations … Work in process.
Une fois la salle prête, Louis m’annonce content qu’il y aura plus de monde qui s’annonce et que je devrais peut-être rajouter des places. Je sens une résistance, j’aime les univers intimistes et j’ai un peu peur de me retrouver avec un public qui n’accroche pas avec mon univers artistique. Ça double les risques.
Mais, j’élargis la taille du bateau en conséquence … sourire.

L’heure tourne…. je peins rapidement une affiche écriteau « Temple de l’eau, merci d’entrer pieds nus ». À peine le dos tourné pour aller chercher une pierre à déposer sur l’affiche écriteau à l’entrée, je vois un musicien un peu âgé sortir de ma salle avec une chaise à la main et ses chaussures aux pieds. En plus, il a piqué une chaise siège du bateau.
Je me sens agacée … et je sens que la vie me propose de poser ma limite sur ce premier irrespect de l’espace artistique aquatique.
Quitte à passer pour une personne très pénible. En effet.

Le type ne capte pas trop le problème… il a juste pris une chaise … rien de grave en effet. C’est un peu l’attitude commune de désinvolture face à des actes minimes de non respect … et oui, je déroge un peu ici, je salis un peu mais ce n’est pas si grave.

Au final, le manque de respect fait à la terre, à la nature, au féminin et donc à l’humain, à soi-même est décuplé. Et les petits arrangements avec sa conscience qui, cumulés, aboutissent à une déconnexion accrue, une déresponsabilisation et un sentiment d’impuissance. Tout se joue dans l’instant nous disent les sages.
Si l’un enfreint la règle, tous enfreignent la règle … cependant.

Est- ce que cette même personne songerait à pénétrer chaussé dans une mosquée a lors que tous s’appliquent à y entrer empreints de respect et d’humilité ?
Oui je prends les choses très très au sérieux, oui, même si je pourrais passer l’éponge, être souple ou complice de cette petite bévue, être sympathique, fermer les yeux.
J’ai aussi de la compréhension pour son attitude.
Choc des cultures, des mentalités, croyances, …en tout cas, j’ai défendu les règles posées dans mon espace et au fur à mesure les gars arrivent déchaussés même Alban joue le jeu finalement malgré ses nombreux allers retours tout comme ceux qui doivent délacer leurs baskets montantes.
Dans l’après-midi, des fillettes arrivent dans le bateau « temple de l’eau » pour jouer, je leur présente l’espace, elles veulent parler au micro. Je les invite à lire au micro les textes poétiques disposés sur les murs symboliques du bateau accompagnés de photos coquillages et autres créations marines. Ça leur plaît, elles s’amusent.
A 18h30, nous répétons avec Alban et Louis … j’aurais besoin de plus de temps… finalement on dépasse 19h. Du monde arrive déjà…
On ouvre le voyage… j’accueille le public avec un breuvage magique et les invite à prendre place sur le navire. Le spectacle commence, la salle est pleine.
J’ouvre le voyage avec mon bol de cristal et les sons marins…. nous mettons le cap sur l’Italie, particulièrement la presqu’île de Sorrento, réputée pour ses rochers de sirènes.

L’Italie regorge de sites sacrés et d’histoires liées à ces légendaires prêtresses de l’eau qui étaient sans doute aussi des femmes terrestres. Il y a beaucoup de choses à retrouver, restaurer de ces anciennes connaissances (enfouies ou effacées de l’histoire) qui font partie de notre patrimoine historique et culturel au service du vivant, de l’harmonie entre l’humain, la nature et l’or bleu.


Nous voguons donc vers le premier temple de l’eau à la rencontre de la déesse de la mer et ses messages. J’ai adapté le récit au public, car je sais par intuition, que certains passages auraient desservi le spectacle et la cause ici. De toute manière, je ne fais jamais la même version, il y a toujours des réajustements. Peut-être une manière de me mettre en stress, me mobiliser autrement … tout se déroule de manière fluide, quelques interactions avec le public sont prévues.

Je finis le spectacle sur ma phrase préférée “les palais de cristal et cités lacustres scintillent de joie à l’orée de tes pas”.

A l’issue du spectacle, Salomé, une jeune femme à l’allure elfique vient me parler. Elle a beaucoup aimé ce voyage… nous évoquons Avalon et le roi Arthur. Elle me partage que son nom de famille est un dérivé d’Arthur … amusant. Ce prénom Salomé est si beau, il évoque la paix … et cependant il me fait aussi penser à chaque fois à la jeune danseuse manipulée par sa mère pour demander la tête de Jean le Baptiste au roi Hérode.

Une femme brune arrivée en retard me partage aussi qu’elle a été d’emblée immergée dans le voyage. Bernard un bénévole à la retraite à lui aussi apprécié le spectacle.
Nous discutons un peu de la vie locale et des anciens marécages ici transformés en forêts de pin par Napoléon … et ainsi l’oubli des anciennes traditions païennes et sites sacrés sur le territoire. Tiens, tiens …

Les autres participants ont filé vers la scène extérieure se ravitailler au buffet et écouté les concerts qui ont commencé en mode scène ouverte. Je les rejoins un moment mais ne vais pas tarder à regagner mon lieu de résidence et de vie – une belle cabane en bois avec scène aménagée et tout le matériel son et lumière nécessaire – où je me retrouve pour me reposer. Louis a l’air content aussi … il a placé une cagnotte à l’entrée … une vingtaine d’euros pour une trentaine de personnes. C’est pour moi.

Vendredi 16 août 

Ce matin, autre registre, j’avais donc annoncé hier un atelier de traitement des eaux gelées … la soirée ayant duré il n’y a pas grand monde au rdv, moi- même j’ai besoin d’un peu de temps pour émerger après un endormissement tardif. Finalement, je m’installe dans un espace à l’extérieur entouré de verdure avec l’argile et de quoi façonner de nouveaux talismans Avalon. J’en ai déjà créé une bonne dizaine qui ont eu le temps de sécher mais je souhaite en avoir une vingtaine, et plusieurs avec le mot « eau » en gascon qui s’écrit Aïga et se prononce Aï-gue (me précise Louis).

Je cherche et ne trouve pas … le cure dent qui me sert à faire les trous sur la terre et tracer des symboles ou accentuer les traces des végétaux. Je fais un tour en cuisine pour en trouver un mais sans succès. Dehors, Philou, un ami de Frédéric est Installé à la grande table en bois de la terrasse, je lui explique… il sort alors un genre de badge que je vais pouvoir utiliser pour travailler la terre avec l’aiguille, un outil un peu particulier mais ça fonctionne.

Je l’invite à me rejoindre pour la fabrication des talismans. En retournant le badge, je vois qu’il s’agit d’un badge publicitaire d’une association oeuvrant pour les droits des enfants, petit ou gros clin d’oeil. Nous discutons avec Philou qui travaille avec des enfants autistes, j’évoque avec lui le rapport de la Ciivise qu’il ne connaît pas me dit-il. Je tente une expérience avec lui et lui propose de tirer un des extraits du rapport et d’en discuter s’il le souhaite. Evidemment, il connaît énormément de personnes concernées par ces questions tragiques.
En face, les choses s’agitent. Louis est arrivé et passe au loin de temps en temps en nous souriant. Alban aussi rassemble ses affaires musicales. Finalement vers midi, je finis mes talismans et j’accompagne Frédéric et Philou dans un petit tour aux jardins pour le plaisir de cueillir les tomates, courgettes et arroser un peu.
La terre ici est assez sablonneuse et j’aime marcher pieds nus.
Après le repas, je ressens le besoin de sortir un peu du lieu.

On m’a parlé d’une rivière à 15 minutes à pieds.

Je m’y rends … je suis rapidement enchantée … le chemin est sablonneux, mousseux par endroits et entre les fougères, pins et bruyères c’est une végétation abondante et odorante qui longe la rivière. Je marche avec délectation le long du sentier et savoure ce paysage très différent.
La rivière en tant que telle n’est pas très grande je suis appelée à y descendre pour me rafraîchir. La terre est très noire, c’est un peu sportif mais dès que je pose les pieds dans l’eau sur cette terre sombre, je me sens mieux, L.eau est très fraîche et en dessous la terre comme une boue noire.. Avec les odeurs de pins, les fougères aux alentours, c’est simplement régénérant.

Puis, pleine d’inspiration, je rejoins l’écolieu pour débriefing avec Louis.
Nous échangeons un bon moment et finalement je me retrouve pour la soirée de clôture avec tout l’espace pour moi et un grand besoin de repos. Je ne réalise pas toujours la force requise pour tenir ces espaces- là.

Samedi 17 août

Ce matin, je commence à rassembler mes affaires sur scène et ramener quelques éléments à la voiture. Je me sens physiquement faible et un peu nauséeuse. Je vais préparer du thé et manger quelques tartines, puis j’ai besoin de me reposer. L’après midi, j’ai vraiment envie d’aller voir l’océan à 40 minutes environ.

Le temps ne semble pas très certain, qu’importe je prends la route.
Finalement un peu avant d’arriver, pluie battante, ciel gris, …
je m’arrête pour faire quelques courses. Je mange dans la voiture sous la pluie. Banane, gâteaux, chips et tapenade, j’improvise de quoi me restaurer. Il y a une émission intéressante à la radio. Un peu plus tard, la pluie s’est calmée, je continue ma route. Arrivée en bord de plage, le charme particulier des dunes. Et surtout l’océan dans sa beauté puissante.
Oui puissante, c’est drapeau rouge, baignade dangereuse. Je marche au bord de l’océan un long moment c’est si préservé, quelques couples, familles, mais on est bien loin des plages bondées du sud, ici c’est une ambiance plus respectueuse. Le royaume de quelques surfeurs. Je suis heureuse de découvrir une fresque sur un bunker pour Paul Watson, le berger des mers, pour sa sortie de prison. Un homme aussi exceptionnel en prison c’est inacceptable et je sens en même temps que cela sert sans doute la prise de conscience de l’importance des océans pour notre survie.

Je retourne vers une plage surveillée, je sens un grand besoin de repos, je m’allonge pour poursuivre la lecture d’un livre qui m’a bouleversée et que j’avais commandé il y a plusieurs mois. Curieusement la bibliothèque m’a appelé pour me dire qu’il était arrivé la veille de mon départ. Triste tigre ….. encore une histoire d’inceste. Après quelques pages, je retourne vers l’océan pour une baignade dans les vagues puissantes. L’avantage avec l’océan c’est que très vite on est dedans, submergé par les vagues. La baignade est toujours une forme de reconnexion profond, apaisante, stimulante et nourrissante à la fois. L’eau est une médecine car elle est notre origine et nous ramène au plus profond de notre âme.

La résidence se clôture en petite forme, je suis ko, j’ai l’habitude de ces moments à plats et je suis à l’écoute de mes possibilités physiques, puisque vivre en harmonie avec soi passe par l’écoute de son corps, notre tout premier temple. Donc j’applique aussi l’Art nécessaire du repos comme un Art de vivre. Après un week-end à dormir beaucoup, lundi matin, je reprends la route vers l’Occitanie pour le périple du retour.

Au revoir les Landes, pays de sources et fontaines miraculeuses, j’espère revenir bientôt explorer ces beautés intemporelles.

Bonus périple du retour  Je séjourne deux jours à Valras-Plage chez un ami. Mardi, je découvre Portiragnes et sa plage. Curieusement, je vais dans l’eau pour me rafraîchir que je trouve vraiment froide et opaque. Comme souvent je dialogue avec l’eau et au moment où je lui dis eau je te respecte je sens sous mon pied passer une forme qui me percute. Pas rassurée du tout, je regagne la rive. Le lendemain, je me réveille couverte de grosses plaques rouges boursouflées et des cloques sur les pieds tout gonflés qui ont bien doublé de volume. Une réaction allergique à des piqûres de petites bêtes qui m’ont bien attaquée durant la nuit. Je décompterai presque 60 piqûres quelques jours après que les tissus se désenflamment. Je n’ai jamais vécu quelque chose de pareil. Je vais mettre plusieurs jours à m’en remettre. Grâce à l’argile et les auto soins que je privilégie à une crème cortisone que propose la préparatrice en pharmacie. 

La vie n’est pas un long fleuve tranquille c’est vrai 💙


Merci 💙 Anastasia

Anastasia d’Avalon est un projet artistique et de conscience pour une Renaissance culturelle en harmonie avec la Nature.